En France, l’infirmier occupe le deuxième poste le plus représenté dans la fonction publique hospitalière, derrière les aides-soignants. Selon la DREES, près de 740 000 infirmiers exercent sur l’ensemble du territoire, tous secteurs confondus.
Loin de l’image un peu figée du soignant cantonné à la piqûre ou au pansement, le métier d’infirmier a pris un virage majeur. Aujourd’hui, il s’incarne dans une mosaïque de missions, éclaire d’autres chemins que la seule technique, s’ancre dans la prévention, la coordination, l’accompagnement au quotidien, et s’impose comme un pilier du système de santé publique.
Pourquoi les infirmiers sont des acteurs clés de la santé publique
Les infirmiers et infirmières sont partout : à l’hôpital, bien sûr, mais aussi dans les écoles, les entreprises, les centres de PMI et jusque dans les salons des patients à domicile. Leur rôle ne se limite pas au soin technique. Chaque jour, ils assurent la prévention, l’éducation à la santé, le dépistage et coordonnent une multitude d’interventions. C’est cette polyvalence qui les place au cœur de la santé publique.
Pour mieux comprendre la pluralité de ce métier, quelques exemples s’imposent. L’infirmier en soins généraux surveille l’évolution clinique des patients, organise les prises en charge, coordonne les équipes et s’investit dans l’éducation thérapeutique. L’infirmier scolaire s’attache à la promotion de la santé et au dépistage précoce des troubles qui pourraient entraver la scolarité. L’infirmière-puéricultrice en PMI accompagne les familles, agit pour prévenir le saturnisme chez les plus jeunes et cible les actions vers les enfants les plus fragiles. Quant à l’infirmier du travail, il veille à la prévention des risques professionnels, ajuste les postes de travail et forme les sauveteurs-secouristes.
Le pilotage des politiques de santé publique s’appuie aussi sur les Agences Régionales de Santé (ARS), qui recrutent des infirmiers spécialisés et travaillent main dans la main avec Santé Publique France pour orchestrer la prévention, la veille sanitaire et les grandes enquêtes épidémiologiques. Cette organisation favorise un décloisonnement des pratiques, chaque professionnel trouvant sa place dans des réseaux où la coordination et le partage d’information sont la règle.
Voici les principaux domaines d’intervention qui structurent l’action infirmière en santé publique :
- Surveillance épidémiologique : les infirmiers hospitaliers dédiés à la santé publique participent aux grandes enquêtes et à la recherche clinique.
- Maintien à domicile : l’infirmier intervenant chez les particuliers suit les personnes âgées et celles atteintes de maladies chroniques, ce qui évite bien des hospitalisations.
- Actions collectives : campagnes de vaccination, dépistage, éducation à la santé, menées auprès de publics variés, des enfants aux seniors.
Le quotidien de ces professionnels s’articule donc autour de la prévention, de la veille sanitaire et de la promotion active de la santé, toujours en lien avec les politiques nationales et les besoins concrets du terrain.
Quelles missions spécifiques distinguent l’infirmier en santé publique ?
L’infirmier en santé publique jongle avec plusieurs compétences et adapte son action au contexte. Il se situe à la croisée des soins, de la prévention et de la promotion de la santé, et collabore étroitement avec d’autres acteurs médicaux, sociaux ou éducatifs.
À l’hôpital, il planifie et coordonne les soins, suit l’évolution clinique des patients, organise l’éducation thérapeutique. Sur le terrain, l’infirmier du travail cible la prévention des pathologies liées à l’activité professionnelle, forme les équipes d’intervention et ajuste l’environnement de travail. L’infirmier scolaire se charge de la prévention collective, du suivi des élèves et des campagnes de dépistage. En PMI, l’infirmière-puéricultrice accompagne les familles, surveille le développement des enfants fragiles et pilote des programmes de dépistage. Et à l’hôpital, certains infirmiers spécialisés s’impliquent dans la recherche clinique et la diffusion des enjeux de santé publique auprès des équipes.
Les missions suivantes illustrent la richesse de ce métier :
- Prévention et éducation à la santé : organisation d’ateliers, d’interventions collectives et de campagnes d’information.
- Coordination interprofessionnelle : interface entre les équipes médicales, sociales, éducatives et administratives.
- Dépistage et surveillance : repérage des risques sanitaires, suivi des publics les plus vulnérables.
Toutes ces missions imposent une grande adaptabilité et une présence de proximité. Le métier évolue au rythme des besoins de la population, ancré dans la réalité du terrain et ouvert à la collaboration interdisciplinaire.
Formations et parcours : comment accéder à ce métier essentiel
Le parcours pour devenir infirmier en santé publique demande rigueur et engagement. La porte d’entrée, c’est l’Institut de Formation en Soins Infirmiers (IFSI) : trois années d’études, mêlant cours théoriques et stages sur le terrain, pour décrocher le Diplôme d’État d’infirmier. Ce titre, délivré selon l’arrêté du 31 juillet 2009, permet d’exercer sur l’ensemble du territoire français dans le respect du Code de la santé publique.
Pour se spécialiser, une formation complémentaire s’impose. L’École des Hautes Études en Santé Publique (EHESP) propose des masters, notamment le Master 2 Pilotage des politiques et action en santé publique, pour monter en compétences. Certains professionnels optent pour un cursus universitaire, en complétant leur formation initiale par une licence ou un doctorat en sciences infirmières ou en santé publique.
L’Ordre des infirmiers garantit le respect du code de déontologie et veille au cadre d’exercice, renforcé par le décret n° 2016-1605 qui précise les responsabilités et missions autorisées. Cette formation, à la fois technique et tournée vers la population, ouvre la voie à des postes variés : prévention, gestion de projets, recherche, coordination au sein des ARS ou d’établissements investis dans la santé publique.
Réfléchir à l’impact des infirmiers sur la prévention et le bien-être collectif
Au sein du système de santé publique, les infirmiers créent du lien entre prévention, surveillance et pédagogie. Leur action s’étend des écoles aux établissements de soins, des unités mobiles aux domiciles, et se retrouve jusque dans les entreprises et les centres de PMI. Ils travaillent au plus près des gens, dans l’écoute et l’accompagnement.
La prévention occupe une place centrale dans leur engagement : dépister les maladies chroniques, organiser des campagnes de vaccination, soutenir les familles, suivre les populations vulnérables. Les infirmières-puéricultrices en PMI, par exemple, interviennent très tôt pour repérer d’éventuelles fragilités et accompagner les parents. Les infirmiers scolaires orchestrent des actions collectives pour sensibiliser les élèves sur la nutrition, l’hygiène ou la santé mentale.
Cette approche transversale favorise des partenariats avec les ARS, la Société Française de Santé Publique, les CRES et CODES, structures régionales impliquées dans la prévention. Leur implication dans la gestion des épidémies, la veille sanitaire ou la réponse aux alertes permet d’anticiper les risques et de renforcer la capacité de réaction sur tout le territoire.
Sur le terrain, les infirmiers, par leur vigilance et leur expertise, tissent chaque jour le filet invisible qui protège la santé collective. Détecter, informer, agir : une présence discrète, mais décisive, pour que la santé publique ne soit jamais une abstraction mais un engagement vivant, tangible, au cœur du quotidien de chacun.


